lundi 10 février 2014

Définition : Libertinage

Dérèglement dans les moeurs, dans la conduite. Vivre dans le libertinage, dans un libertinage continuel. Tomber dans le libertinage.

Il signifiait anciennement Licence des opinions en matière de religion. Il faisait profession de libertinage.

Libertinage d''esprit, d''imagination, Légèreté, inconstance dans les idées, qui fait qu''on passe d''un objet à un autre, sans s''arrêter à aucun. Cet écrivain s''abandonne à un libertinage d''imagination qui l''entraîne dans beaucoup d''écarts. Il se laisse aller à un libertinage d''esprit qui ne lui permet d''approfondir aucun sujet.

Le Libertinage

Introduction

Du libertinage, on ne retient que les excès : c’est oublier la démarche critique, philosophique et littéraire qui fonde les ouvrages publiés du 16ème au 18ème siècle et regroupé sous l’appellation de courant libertin.

Il existe deux acceptions au mot libertin (du latin libertinus, esclave qui vient d''être libéré. libertinus signifie affranchi) :

- Celui qui remet en cause les dogmes établis, c''est un libre penseur dans la mesure où il est affranchi, en particulier, de la métaphysique et de l''éthique religieuses .

- Le libertin de mœurs, c''est-à-dire celui qui s''adonne aux plaisirs charnels avec une liberté qui dépasse les limites de la morale conventionnelle mais aussi, avec un certain raffinement cultivé.

I Contexte historique

Le qualificatif de “ libertin ” ne fait son apparition en France qu''au XVIe siècle. Il est alors utilisé pour désigner une secte qui développe des croyances liées à la nature et au matérialisme. Par association d''idées et glissement d''interprétation, il finit par définir, au XVIIe siècle, tous ceux qui s''écartent des dogmes de l''Église chrétienne et qui affichent une certaine liberté de croyance et d''expression

A la mort de Louis XIV (1715) , Louis XV son successeur a 5 ans. Le duc d’Orléans allié au parlement, exerce alors la régence (de 1715 à 1723), en cassant le testament du roi défunt qui l’écartait du pouvoir.

On reproche au régent, brillant et fin, ses mœurs dépravées. La relance de l’économie joue en sa faveur.

Dans une situation nationale et internationale favorable, la prospérité s’installe. Comme le montre le roman de l’abbé Prevost, Manon Lescault, la morale se relâche. La bourgeoisie s’enrichit avec le négoce (commerce des hommes noirs). Les conditions de vie du monde paysan s’améliorent aussi. L’argent et la réussite occupent alors tous les esprits.

Dans une période où règnent la raison, où les philosophes ne cessent d’interroger les dogmes et les normes, le libertinage va élire, pour lieu d’enquête privilégié, les cercles aristocratiques, les salons pour mieux dévoiler l’hypocrisie qui y règne.

II Libertinage de mœurs

S''engouffrant dans la brèche ouverte par les libertins de pensée, certains ne se contentent pas de se libérer de toutes contraintes imposées par la tradition pour penser mais aussi pour agir à leur guise en limitant les freins moraux. C''est le libertinage de mœurs.

Les libertins de mœurs se réclament du même courant philosophique que les libertins de pensée mais l''excès de certains ont contribué à discréditer le premier mouvement (profanation de lieux saints, blasphème, débauche sexuelle...). On pourrait penser que pour des libertins modernes, tout est bon pour satisfaire leurs désirs. Ils pratiquent sans remords le cynisme et l''hypocrisie, le type même développé par Molière dans sa pièce Dom Juan. Il y a plusieurs libertinages modernes, bien loin de la définition première. Mais on retrouve souvent chez ces libertins une valeur commune: la vision de la cellule du couple. Cette cellule, pour un libertin, n''a pas d''obligation morale comme la fidélité. Il n''est pas rare de voir des couples libertins pratiquer l''échangisme tout en respectant l''individu et le couple lui même. Le libertinage moderne place l''individu au centre de sa sexualité, contrairement à la morale qui elle, y place le couple. C''est sur ce dernier point que l''on rejoint la définition première car l''application du libertinage de mœurs est en opposition à la religion et au concept de l''amour unique et éternel d''un couple. On peut dire qu''il y a rejet de la morale et de la religion concernant l''aspect de l''amour.

Ils utilisent comme arme principale l’ironie pour proposer des textes savoureux qui au-delà de l’érotisme constitue de véritable profession de foi libertine célébrant les joies du corps et de l’esprit.

Célèbres libertins

Théophile de Viau (1590-1626) soldat, courtisan et écrivain il a été le chef de file des jeunes libertins parisiens sous Louis XIII. Il a été notament accusé d’avoir écrit des poèmes obsènes et blasphématoires et a même été ménacé de mort par les jésuites.

Sade (1740-1814), appelé le « divin marquis », représente sans doute le plus ambigu de tous les libertins : à la fois écrivain, philosophe, historien et théoricien, ce grand penseur pousse jusqu''à ses limites la licence sexuelle en donnant raison aux nombreuses accusations d’immoralité et de corruption portées contre lui par l’Église. Son ouvrage fait de dialogues, intitulé La Philosophie dans le boudoir (1795), constitue un véritable manifeste du libertinage dans lequel il défend ouvertement la débauche

Au XVIIIe siècle, Casanova (1725-1798) est tour à tour soldat, courtisan, diplomate, écrivain… et collectionneur de conquêtes amoureuses — féminines et masculines — à tel point que son nom devient à jamais un qualificatif réprobateur (« Tu n’es qu’un Casanova ! »)  Ses écrits, bien souvent négligés par les littéraires, sont pourtant de magnifiques témoignages de son époque, en plus d’être, bien sûr, de précieux récits érotiques. 

Enfin le libertin Choderlos de Laclos est rendu célèbre avec son célèbre roman épistolaire Les Liaisons dangereuses (1782) qui présente l’histoire d’étranges et perverses conquêtes amoureuses.

On peut aussi noter que le libertinage de mœurs a aussi influencé la peinture.

II Libertinisme intellectuel


Le libertinage d’esprit est un courant de pensée né au XVIe siècle, développé en Italie et qui débouchera au XVIIIe siècle sur la notion de raison critique des philosophes.

Le 17ème siècle marque l’apogé du libertinage d’esprit. En effet, le Grand Siècle connaît des « esprits forts », tels La Fontaine et Cyrano de Bergerac qui, non seulement remettent en question l’ensemble des certitudes établies, mais contestent l’esprit de système considéré comme une entrave à la libre pensée religieuse, morale, sociale et politique. 

Matérialistes, les libertins considèrent que tout dans l''univers relève de la matière, laquelle impose, seule, ses lois. Ils estiment donc que la compréhension du monde relève de la seule raison, reniant, pour beaucoup, la notion de créateur.

Alors que la monarchie française repose sur une légitimité divine, on comprend facilement la menace que pouvaient représenter des individus se voulant indépendants de toute règle imposée du dehors par la morale ou la religion, établie par l’Église, l’État ou la Tradition. 

Ce d''autant que les libertins appelaient de leurs vœux l''apparition d''une société reposant sur le mérite (et non les privilèges), dans un esprit de justice et d''entente sociale.

Si l''on ne retient aujourd''hui volontiers que l''aspect sensuel et vaguement immoral du libertinisme, ce rejet d''une morale fondée sur la vertu n''est finalement que la conséquence de leur philosophie : l''absence de Dieu légitime l''envie de jouir de sa vie terrestre et cette quête, qui ne se fera néanmoins pas au mépris d''autrui, est le but ultime.

Le libertin est donc un homme affranchi des conventions religieuses, et contestataire vis-à-vis des idées traditionnelles ; souvent un sceptique et un athée. 

Les philosophes libertins connus

-Françaois La Mothe Le Vayer ( 1588-1672)

-L’abbé Gassendi ( 1592-1655)

-Le marquis de Sade

-Fontenelle

-Savinien Cyrano de Bergerac ( 1619-1655) qui fut un poète, homme de théâtre et satirique qui a entre autres écrit L’autre Monde ( 1657-1662) qui traduit l’esprit de libre examen que les philosophes appliquent à la religion et qui fait de lui un des plus important représentant du mouvement.

Conclusion 

Les libertins ont été les précurseurs des lumières

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